Les ravages de la mondialisation sur l’artisanat local sont aussi passés par Thiers, commune du Puy-de-Dôme. Mais la capitale de la lame résiste à la crise grâce à son couteau. Ici, on trouve encore une centaine d’entreprises familiales qui fabriquent 80 % des couteaux français. Alors, bravo les Auvergnats ! Bravo surtout à la famille Dozorme d’avoir résisté et maintenu le cap malgré les crises, les guerres de clochers et les sirènes d’Asie ou d’Inde !
Fondée en 1902 sur les contreforts de la montagne thiernoise, la coutellerie Dezorme a quelque chose de magique. Le couteau, cet objet du quotidien d’apparence banale, prend ici des allures d’œuvre d’art, voire d’objet culte. Il y a de la légende dans l’air. Et si les ouvriers de la manufacture n’aiguisent plus les lames comme autrefois, allongés au-dessus d’une pierre de meulage – il est loin ce temps où les chiens se blottissaient aux jambes immobiles pour leur tenir chaud – le métier de coutelier, bien qu’enrichi par les nouvelles technologies, est resté très artisanal. Les grandes étapes de la fabrication d’un produit estampillé restent inchangées : pour fabriquer un couteau, plus de quarante-cinq étapes sont nécessaires et la plupart sont restées manuelles.
Un univers masculin dirigé par une femme
Univers masculin, la Coutellerie Claude Dozorme est aujourd’hui dirigée par une femme fluette qui a de la poigne. Claudine Dozorme n’est pas seulement une meneuse à la fine lame, elle est l’arrière-petite-fille de Blaise dit “le Loup”, fondateur de la coutellerie. Une héritière qui a su reprendre le flambeau de la lignée parentale en adaptant la griffe thiernoise à tous les styles et tous les modes de vie. “Un couteau qu’on achète est un couteau qui nous ressemble, ce n’est qu’une fois en main qu’on sait qu’il nous appartient… C’est un objet intime qu’on garde à vie”, souligne la chef d’entreprise.
Deux mille références en magasin
Tout droit sorties de la coutellerie, les créations Dozorme sont à découvrir en ligne, en magasin ou dans les trois concept stores La Grande Coutellerie. À Paris au 20 de la rue Tronchet, petits et grands peuvent admirer plus de 2 000 références alignées en vitrine. Couteaux à foie gras, sabres à champagne et couteaux à fromage côtoient les pièces d’exception de la marque. De superbes pièces uniques au manche recouvert en peau crocodile ou en galuchat ou encore taillé dans une molaire ou une défense de mammouth venu de Sibérie. Chaleureuse et raffinée, cette boutique conçue par Claudine, accueille depuis 2014 la totalité des collections de l’entreprise familiale. Et il y en a pour tous les goûts, tous les usages ! De la lame idéale pour émincer, trancher ou encore découper comme un chef, au couteau Berlingot ou Thiers Liner (couteau de poche) en passant par les modèles ornés de cristaux Swarovski, Baroudeur noir ou London, tous véhiculent l’art de vivre à la française. Et ce n’est pas un hasard s’ils s’exportent aujourd’hui aux quatre coins du monde.
Loïc Ballet
Boutiques
> 11 rue Tronchet 75008 Paris
> 30 rue des Gras
63000 Clermont-Ferrand
> 4 rue Félix Faure
06400 Cannes
