Philippe Atienza : ses chaussures sont des objets du désir

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Artisan bottier, Philippe Atienza a ouvert son atelier sous les arcades du Viaduc des Arts à Paris, il y a trois ans. Un retour à l’essentiel pour ce Meilleur Ouvrier de France qui perpétue l’exceptionnel, entouré de ses outils et machines de collection.

Philippe Atienza 01Les passionnés en font quasiment l’objet d’un culte et on peut les comprendre. Faite à la main et sur-mesure par un bottier de l’envergure de Philippe Atienza, la chaussure peut en effet prendre des allures d’objet rare, presque insolite et assurément exceptionnel. La beauté d’une ligne, la qualité d’un cuir, la finesse d’une peau, la précision d’une couture : quel que soit l’angle sous lequel on l’observe, il n’y a pas grand-chose en commun entre une paire de chaussures réalisée dans l’atelier de Philippe Atienza et un modèle industriel. Il y a déjà quarante ans de passion pour un métier qui font toute la différence.

Philippe Atienza 03Appris selon les règles que lui ont transmis les Compagnons du Devoir au cours d’un tour de France qui dura huit années, le savoir-faire du célèbre bottier parisien n’a fait que s’affiner avec le temps. Déjà chez John Lobb où il restera 21 ans. “J’y suis entré comme ouvrier se souvient-il, et j’ai gravi les échelons au fur et à mesure jusqu’à devenir directeur de l’activité sur-mesure”. Le chausseur des stars – Philippe Noiret en fut l’un des plus fidèles ambassadeurs – lui ouvrira les portes de l’international (le Japon…) et le temps nécessaire à la préparation du concours “Un des Meilleurs Ouvriers de France” qu’il décroche en 1991. Ensuite, les neuf années qu’il passera chez le bottier Massaro lui permettent d’affiner encore son expertise en l’ouvrant aux souliers féminins. C’est à cette époque, alors qu’il enseigne son art aux élèves de l’association Maurice Arnoult – autre bottier de la légende parisienne -, qu’il rencontre Laura avec qui il forme le projet de s’associer dans la création d’un atelier… Celui qu’il a ouvert voici trois ans au 53 de l’avenue Daumesnil à Paris dans le 12arrondissement.

Des chaussures d’exception

Philippe Atienza 04Sous son arcade du Viaduc des Arts, le bottier a choisi d’ordonnancer l’espace de façon à valoriser un métier longtemps – pour ne pas dire toujours – relégué dans des ateliers exigus, sombres et poussiéreux, bien à l’abri du regard du public. Ici, ouvriers, machines et outils de collection, peaux, fils, chaussures en cours de réalisation : tout est donné à voir et c’est à l’étage que les clients et clientes de Philippe Atienza sont conviés pour choisir leur modèle et faire les essayages. Ses clients ? Ils viennent de tous les horizons et sont parfois capables de faire de véritables prouesses financières – compter un minimum de 4 000 € pour une paire de souliers – pour satisfaire leur passion pour le sur-mesure. Du dandy ultra-privilégié à la riche héritière en passant par le chauffeur de bus, l’émerveillement est le même. Et s’ils confient leurs pieds et leur “petite folie” à Philippe Atienza, ce n’est bien sûr pas par hasard. Rendu célèbre par un richelieu réalisé avec brio pour le concours Un des Meilleurs Ouvriers de France (modèle qui porte depuis son prénom chez Lobb), le bottier aux mains d’or perpétue avec une exigence quasi maniaque la tradition du sur-mesure.Philippe Atienza 05

Un minimum de soixante heures de travail (parfois cent, parfois plus encore !) sont nécessaires à la réalisation d’une paire de souliers. Il y a d’abord le travail de la forme, la réalisation d’une maquette éphémère (elle sera détruite in fine), l’essayage, les ajustements indispensables et ensuite la réalisation proprement dite de la chaussure sur la base de patrons cartonnés. Les ouvriers vont alors tailler les cuirs, découper les peaux, réaliser les galbes, les renforts et tout coudre à la main ou à la machine manuelle avec un fil réalisé dans l’atelier à partir de lin. Et c’est un poil de sanglier qui remplace l’aiguille en métal ! Quand on vous dit qu’il y a une part de folie…

Six mois d’attente

Philippe Atienza 06Tout est fait à la main pour la satisfaction du client dont le ressenti personnel dicte la loi. Certains refusent le moindre point de pression, d’autres recherchent l’effet ganté. Avec bien des satisfactions. En effet, le client acquiert ici des chaussures uniques qu’il pourra conserver durant de nombreuses années, si bien sûr son pied ne se déforme pas avec les années, et s’il respecte les règles d’entretien élémentaires qui demandent que les chaussures ne soient pas portées chaque jour, que l’on y replace les embauchoirs après usage et que l’on use d’un chausse-pied pour les mettre.

L’autre point commun entre tous ces passionnés ? La patience. Il faut en effet compter environ six mois entre le choix du modèle et sa livraison. Et au Japon où Philippe Atienza se rend deux fois par an, ce temps est multiplié, au minimum, par deux. Mais l’attente participe au plaisir remarque non sans déplaisir le bottier ! 

Philippe Atienza – Bottier#Paris
53 avenue Daumesnil
75012 Paris
Tél. 01 46 28 98 41
www.philippeatienzabottier.com

Philippe Atienza 07Cuirs, peaux, teintures : le choix peut s’avérer cornélien. Philippe Atienza dispose naturellement de l’étendu des possibles en partant des grands classiques – veau pour les hommes, chevreau et agneau pour les femmes -, mais également toute une gamme de peaux exotiques – python, éléphant, crocodile, autruche, hippopotame…-, le tout sous le couvert de la Convention de Washington. Certains modèles comme les basquettes montantes sont un patchwork de différentes peaux.

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