De plus en plus de villes ou destinations touristiques sont en train d’être très concrètement touchées par le tourisme de masse. Si elles sont nombreuses à tirer la sonnette d’alarme, certaines, comme Venise, prennent des décisions drastiques.
Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la Venise insulaire et ses 70 000 habitants, accueille chaque année 30 millions de touristes. Ce qui n’est pas sans poser un certain nombre de problèmes pour les habitants. Pire, en 2016, l’Unesco a même sommé la Sérénissime et le gouvernement d’agir concrètement ou Venise se verrait inscrite sur la liste des sites du patrimoine mondial en péril. Consciente du problème, la municipalité a donc pris différentes initiatives afin de rendre certaines rues et débarcadères aux Vénitiens et de “dédensifier” l’espace public.
1 – La création de nouveaux hôtels est interdite dans le centre ancien depuis 2017. La municipalité entend aussi s’attaquer aux nombres d’appartements Airbnb en augmentant par exemple, comme à Amsterdam, le prix de la taxe de séjour.
2 – Autre combat : tenir à distance les paquebots de croisière qui fragilisent les fondations des édifices. Leur accès au canal de la Giudecca qui longe la place Saint-Marc, sera interdit à partir de 2019. Ils devraient accoster à Marghera, de l’autre côté de la lagune.
3 – Au printemps dernier, des portiques d’accès à la cité des doges ont été expérimentés afin de fluidifier et de contenir les flux de touristes. Les Vénitiens ont pour leur part reçu un permis de circuler permanent dans l’ensemble des rues et des quartiers.
4 – Pour contenir la foule lors du traditionnel Carnaval, un numerus clausus a fixé à 20 000 le nombre des personnes pouvant accéder à la place Saint-Marc.
5 – Par arrêté municipal, des espaces réservés aux seuls résidents ont donc été définis par la municipalité, offrant ainsi aux habitants la possibilité de souffler durant les périodes où l’afflux de touristes est à son paroxysme.
6 – Dans sa lutte contre le tourisme de masse, l’idée d’interdire aux visiteurs de s’asseoir ou de s’allonger sur le sol de la ville est également étudiée. Les contrevenants risqueraient entre 50 et 500 euros d’amende. Le Conseil municipal doit délibérer ce mois-ci.
7 – Dernier projet révélé par le magazine Il Venerdì : déplacer le centre de gravité de Venise sur la terre ferme, en attirant les touristes à Mestre, la partie résidentielle et populaire de la ville. Un musée 100 % multimédia, le M9 devrait être inauguré au mois de décembre. Un centre commercial situé au-dessus de la gare ferroviaire est aussi en projet.
Si Venise croule sous le nombre de touristes, à la différence d’autres destinations, la cité lacustre ne souhaite pas pour autant faire fuir les visiteurs mais seulement mieux organiser leur parcours dans la cité vénitienne. À suivre.
Gildas Lecoq
